Docteur, au secours : j’ai mauvaise haleine !

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Qui n’a pas été gêné, au cours d’une conversation ou après un repas, par l’haleine désagréable de son interlocuteur ? Et qui ne s’est pas posé les interrogations qui en découlaient : est-ce normal ou peut-il s’agir d’une maladie ? Est-ce qu’il m’arrive également d’avoir mauvaise haleine ? Cette gêne est-elle simple à traiter ? Se pencher sur la nature et sur l’origine des gaz présents dans l’haleine permet de répondre à ces nombreuses questions.

Je pense avoir mauvaise haleine : est-ce que je dois m’inquiéter ?

Chaque individu présente une mauvaise haleine à un moment de la journée, au réveil, à la fin de la journée ou après l’ingestion de certains aliments ou médicaments. Dans la plupart des cas, ces gênes passagères ne relèvent pas d’une maladie. Il arrive cependant qu’une pathologie soit présente et se manifeste par la présence de gaz malodorants rejetés par la bouche. Il importe dans ces situations d’établir la relation entre la présence de ces gaz et un problème local ou général. Les sources d’halitose se trouvant principalement au niveau de la bouche, il est logique de consulter en premier lieu un dentiste ou un parodontiste qui s’assurera de l’état de santé des dents et du parodonte.

L’halitose (mauvaise haleine) est-elle un symptôme fréquent ?

Variant peu selon le sexe, les catégories d’âge ou les pays, l’halitose concerne en moyenne un adulte sur quatre.

Il y a lieu de distinguer l’halitose physiologique (normale), qui touche toutes les personnes, de l’halitose pathologique. La première s’exprime chez tout le monde, et plus particulièrement au réveil. La formation de composés sulfurés se produit essentiellement durant la nuit et entre les repas, c'est-à-dire lorsque la fonction masticatrice est, c’est le cas de le dire, en sommeil. Le premier souffle émis au réveil est donc logiquement particulièrement désagréable, les composés sulfurés s’étant accumulés et concentrés dans la bouche. Un petit déjeuner équilibré suivi d’un brossage avec dentifrice pourra chasser les odeurs dérangeantes. Mais le cycle de formation des composés sulfurés est sans fin, et recommence dès la fin du petit-déjeuner, et plus tard, du déjeuner. L’évolution cyclique de la présence des composés sulfurés dans la cavité buccale est donc un phénomène physiologique constant ; elle est interrompue régulièrement par les repas et les mesures d’hygiène qui les suivent.

À cette production normale de gaz sulfurés peut cependant se greffer une production anormale de composés sulfurés, tant en matière qualitative que quantitative. Ainsi, une atteinte parodontale modérée ou sévère aura en corollaire une production anormalement élevée d’un gaz particulièrement malodorant, le méthyle mercaptan ; de la même manière, des amygdales imprégnées de concrétions minérales riches en bactéries laisseront exhaler, à la pression, des odeurs nauséabondes. 

Il y a donc lieu de distinguer les odeurs normalement produites au cours de la journée et de la nuit, des odeurs reflétant une pathologie locale ou pouvant parfois correspondre à un signe révélateur d’une pathologie générale.

Pour en savoir plus : comment parler à mon dentiste de mon problème d’haleine ?

Il est difficile de confier à quelqu’un, fût-ce un professionnel de santé, une gêne relevant d’

une mauvaise odeur buccale. L’halitose a toujours été un sujet tabou ; pourtant, votre dentiste est le professionnel de santé le mieux placé pour réaliser la première approche diagnostique. La cavité buccale est dans 85 % des cas le lieu d’origine des composés malodorants. Le chirurgien-dentiste doit réaliser avant tout un diagnostic positif, c’est-à-dire confirmer une présence anormalement élevée de composés sulfurés. 

Une fois le diagnostic d’halitose confirmé, il y a lieu de déterminer avec exactitude la source de production des composés malodorants ; cette information est déterminante, car elle permet d’orienter le plan de traitement.

 
Ainsi, une inflammation des gencives doit être suivie d’un assainissement parodontal et des conseils d’hygiène parodontale adéquats, les caries sont soignées, les obturations infiltrées (amalgames, résines non étanches…) doivent être changées, les couronnes inadaptées remplacées, en d’autres termes, tout ce qui a vocation à favoriser la rétention alimentaire ou bactérienne doit être éliminé et remplacé.

Mon alimentation est-elle responsable de l’odeur de mon haleine ? 

Elle peut l’être, dans une large mesure, lorsqu’il y a consommation d’aliments contenant des composés très odorants et très volatils. La consommation d’ail, par exemple, a pour résultat une haleine très puissante et susceptible d’incommoder son interlocuteur. La source en est une molécule bien connue pour ses propriétés antiseptiques, certains avancent même anticancéreuses, le disulfure de diallyle. L’haleine est tout aussi caractérisée avec des mets pimentés, des boissons alcoolisées, comme le whisky, le vin ou la bière, ou après avoir fumé. 

Une caractéristique commune à ces colorants de l’haleine est leur réversibilité ; les odeurs disparaissent après élimination, via le courant sanguin puis les poumons, des molécules odorantes volatiles.

Les mauvaises odeurs remontent-elles de mon estomac ? 

En partie oui, mais dans une très faible proportion. La grande majorité des odeurs buccales désagréables, avec une fréquence de près de 80 %, sont produites dans la cavité buccale. Les deux autres sources sont ORL (amygdales, carrefour oropharyngé) représentant environ 15 % des cas, et dans seulement 5 % des situations, les composés malodorants trouvent leur origine au niveau gastro-intestinal ou sont le résultat de désordres métaboliques ou de pathologies générales.

Que dois-je faire pour ne pas risquer d’avoir mauvaise haleine ? 

Éviter bien sûr tous les aliments ou boissons riches en molécules malodorantes volatiles, comme l’ail, l’oignon, l’alcool ou le tabac. Et encore, leur réversibilité et leur sédation après prise de grains de café, de clou de girofle ou de menthe n’en font pas des problèmes médicaux. 

Par contre, le risque d’accumuler les bactéries et résidus alimentaires dans la cavité buccale doit faire l’objet de toute votre attention. Votre chirurgien-dentiste vous aidera dans le choix de l’instrumentation d’hygiène bucco-dentaire la plus adaptée afin d’éviter la formation de « pièges à plaque » ; il cherchera également, au moyen d’examens cliniques ou radiographiques, à identifier la présence de lésions carieuses, parodontales, de fractures, de descellements, bref, de toute source d’accumulation de bactéries.

Pour en savoir plus : est-ce que ma brosse à dents suffit à accéder à tous ces pièges ?

Malheureusement, non. Il faut fréquemment faire appel à des instruments adaptés au profil des zones à nettoyer. On préconise ainsi, pour les espaces interdentaires, du fil dentaire ou des brossettes de diamètres variables et correspondant à la taille des espaces interdentaires. De la même façon, on pourra recommander, pour les zones difficiles d’accès comme les faces linguales des molaires mandibulaires, l’utilisation d’une brosse à dents électrique, plus maniable et de taille plus petite. Le nettoyage mécanique de la langue pourra être réalisé avec une brosse à dents souple (extrémité du diamètre des poils de 1/100e), ou éventuellement à l’aide d’un gratte-langue si possible siliconé.

Faut-il prendre des antibiotiques pour supprimer les mauvaises odeurs ? 

Surtout pas ! La production de composés malodorants dans la cavité buccale résulte de la décomposition de résidus alimentaires, essentiellement protéinés, par les bactéries de la bouche. Cependant, les bactéries à l’origine de cette digestion représentent une petite partie des nombreuses espèces bactériennes présentes. Parmi les 600 espèces composant la flore bactérienne de la bouche, nombreuses sont celles vivant à l’état commensal, c'est-à-dire en relation étroite et harmonieuse avec tous les autres composants de la bouche. 

L’élimination des bactéries défavorables de la bouche doit faire l’objet d’un traitement spécifique réalisé par votre chirurgien-dentiste, traitement dont la complexité est fonction de la localisation des foyers bactériens.

Est-ce que je dois prendre d’autres médicaments ?

En présence d’une parodontite, la désinfection de la cavité buccale après traitement pourra être complétée par l’utilisation d’antiseptiques locaux. Une fois recouvré un état de santé parodontale, un haut niveau d’hygiène buccale est recommandé et passe par l’utilisation conjointe d’instruments de nettoyages adaptés, d’antiseptiques locaux et de dentifrices ; ils doivent permettre une utilisation à moyen ou long terme et être spécifiques du traitement des composés sulfurés ; cette action modératrice au niveau de la flore buccale est complétée par des conseils diététiques.

Il faut garder à l’esprit que le personnage clé au centre de la prévention de l’apparition d’odeurs désagréables est le patient lui-même. En effet, des efforts d’hygiène et diététiques quotidiens et adaptés permettant de prévenir la recolonisation microbienne et la stagnation de résidus bactériens conduisent à une haleine agréable et à une nouvelle intégration familiale et sociale.

Pour en savoir plus : quelle est la principale source de composés malodorants dans la bouche ?  

Après examen des dents et du parodonte, le chirurgien-dentiste observe les tissus mous de la cavité buccale, faces internes des joues, surface de la langue, amygdales. Ces deux dernières, par leurs reliefs accidentés faits de microvillosités et de cryptes, sont de véritables lieux de stockage des bactéries, cellules mortes ou résidus alimentaires. L’observation de mousses de couleur et d’épaisseur variable nécessite leur élimination et l’apprentissage des gestes de base permettant de prévenir leur accumulation.

Et si ma bouche n’est pas à l’origine de l’halitose ?

En l’absence de diagnostic positif, de mise en évidence d’une étiologie buccale au problème d’odeurs buccales, votre dentiste vous orientera auprès du professionnel de santé à même de compléter cette première approche diagnostique.

Ce qu’il faut retenir…

La majeure partie de la population est un jour touchée par une maladie parodontale. La gingivite est observée chez 80 % des adultes. C’est le premier stade avant la parodontite qui peut revêtir différentes formes ; superficielle à sévère, localisée ou généralisée. La parodontite peut aboutir à la perte des dents. Leur prise en charge précoce conditionne grandement le succès thérapeutique. 

Cette maladie est chronique, elle ne peut pas guérir après quelques séances de soins, en revanche les surfaçages radicalaires, éventuellement des chirurgies et dans tous les cas, un suivi très régulier à vie, pourront la stabiliser.

Le traitement demande une collaboration entre le patient et le praticien. Le patient doit prendre en charge l’élimination quotidienne de la plaque bactérienne.

Pour aller plus loin

Vous souhaitez en savoir plus ?

Écoutez dès maintenant l’épisode du postcast CONSULT' de EasyPara, dans lequel le Pr Virginie Monnet-Corti, ancienne présidente de la SFPIO et cheffe du département de parodontologie de l'Université Aix-Marseille,  décortique le sujet brûlant de l'halitose !

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Cet épisode a été enregistré dans le cadre d'un partenariat Colgate & EasyPara.

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